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Résultat scientifique | Alzheimer | Tomographie par émission de positons

Evolution de la maladie d’Alzheimer : un rôle dual de la réaction neuroimmune


Une collaboration impliquant le Centre hospitalier Sainte-Anne, le SHFJ, le centre de recherche Saint-Antoine et l’ICM* a identifié, grâce à une étude d’imagerie cérébrale en TEP réalisée chez des patients souffrant de la maladie d’Alzheimer, deux profils cinétiques distincts de la réaction neuro-immunitaire cérébrale, qui impactent différemment la progression de la maladie. Les chercheurs proposent un modèle original de la neuro-inflammation, susceptible d’ouvrir de nouvelles pistes thérapeutiques.

Publié le 10 janvier 2019

La maladie d’Alzheimer est caractérisée par l’accumulation anormale dans le cerveau des protéines tau et amyloïde, cette dernière constituant les plaques amyloïdes. Autour de ces plaques, on observe une activation des cellules immunitaires et inflammatoires du cerveau, dont les principales sont les cellules microgliales. Cependant le rôle exact de ces cellules fait encore débat : l’inflammation permet-elle de protéger le cerveau contre la maladie ou aggrave-t-elle son évolution ?

Pour répondre à cette question, les chercheurs ont, dans le cadre de l’étude Imabio3**, analysé au SHFJ l’activité microgliale de 96 patients, grâce à l’utilisation d’un traceur de nouvelle génération en Tomographie par Emission de Positon (TEP). En parallèle, les plaques amyloïdes ont été quantifiées par imagerie cérébrale chez ces mêmes patients. Deux ans plus tard, une partie des patients a été réexaminée, afin de suivre l’évolution de la réponse microgliale, la progression de leur maladie via des tests cognitifs et leur volume cérébral par un examen IRM.

Les résultats obtenus mettent en évidence l’existence de 2 profils cinétiques distincts de réaction neuroimmune qui impactent différemment la progression de la maladie d’Alzheimer : une réaction neuroimmune d’emblée importante mais stable dans le temps, est liée à une évolution lente des scores cognitifs et de l’atrophie cérébrale (effet protecteur). A l’inverse, une réaction neuroimmune d’abord plus faible mais qui augmente de manière importante est liée à une aggravation plus rapide de la maladie (effet délétère).

Il s'agit de la première étude montrant que la neuroinflammation peut affecter différemment les patients atteints de la maladie d'Alzheimer, en fonction de leur profil d'activation microgliale. En distinguant deux sous-groupes définis par leur « signature inflammatoire », indépendamment de l’âge et de la sévérité de la maladie, ce travail montre que l'activation microgliale peut être protectrice ou délétère et ce, indépendamment du stade de la maladie. L'activation microgliale pourrait être ainsi l’un des éléments modulateurs de l’évolution de la maladie d'Alzheimer. Ces travaux sont susceptibles d’ouvrir de nouvelles pistes thérapeutiques ciblées, afin de ralentir, voire empêcher, la progression de la maladie d’Alzheimer.


A gauche : images TEP de la fixation cérébrale du traceur mettant en évidence l’activité neuroimmune chez un patient, dans 3 plans de coupes. A droite : mise en évidence des différents profils de réaction neuroimmune chez les sujets dont la maladie progresse vite (rouge), les patients plus stables (bleu) et les témoins sains (gris).

*ICM : Institut du Cerveau et de la Moelle épinière.

**Imabio3 : cette étude, qui porte sur le rôle des réactions inflammatoires et immunitaires anti-amyloïdes centrales et périphériques dans la maladie d’Alzheimer débutante, est cofinancée par l’Institut Roche de Recherche et de Médecine Translationnelle et le Ministère de la santé, dans le cadre d’un programme hospitalier de recherche clinique 2010. Elle est promue par l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris et s’achèvera en 2019.


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