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Résultat scientifique | Chimie

Du CO2 et du cuivre pour marquer des produits pharmaceutiques au carbone


​Des chercheurs du SCBM (Institut Joliot) en collaboration avec une équipe de l’IRAMIS (CEA/CNRS) ont mis au point une méthode de marquage au carbone 14 de molécules organiques d’intérêt thérapeutique, basée sur l’échange dynamique de dioxyde de carbone. Cette méthode comporte une seule étape et génère beaucoup moins de déchets radioactifs que les méthodes actuelles. En facilitant certaines études précliniques et cliniques, elle devrait à terme contribuer à accélérer la mise sur le marché de nouveaux médicaments. Ces travaux ont été publiés dans le Journal of the American Chemical Society

Publié le 11 janvier 2019

​La mise sur le marché de nouveaux médicaments est un processus long et coûteux. Notamment, car durant les phases précliniques et cliniques de tests, l’identification des candidats médicaments les plus efficaces et les moins toxiques s’avère souvent délicate. Pour y arriver, les médicaments sont « étiquetés » (on parle de marquage). Par exemple, l’un des atomes de la molécule thérapeutique est remplacée par un radioisotope : la molécule devient alors détectable et on peut suivre par imagerie son absorption, sa distribution, son métabolisme et son excrétion dans un organisme vivant (chez l’animal ou chez l’Homme). Les procédés de marquage actuels comportent de nombreuses étapes et génèrent beaucoup de déchets radioactifs. Comment imaginer un procédé plus rapide et moins polluant ?

Les chercheurs du SCBM et du NIMBE (CEA-IRAMIS) s’intéressent au marquage au carbone 14 (14C) de molécules thérapeutiques. Pour concevoir un nouveau procédé de marquage plus efficace, ils se sont inspirés de la nature. Leur modèle ? Une enzyme capable d’enlever réversiblement à son substrat une molécule de dioxyde carbone (CO2)[1]. Ils ont cherché les conditions expérimentales favorables à la catalyse d’un échange d’une molécule de CO2 non marquée contre une molécule marquée dans des composés d’intérêt thérapeutique contenant un groupement carboxylique. Pour tester leur hypothèse en s’affranchissant de la gestion de déchets radioactifs, ils ont d’abord utilisé une source de gaz CO2 marquée au carbone 13 ([13C]CO2), isotope stable du carbone 12. Ils ont choisi le cuivre comme catalyseur et joué sur plusieurs paramètres expérimentaux (température, solvant). Après deux heures de réaction, ils ont mesuré le taux d’échange isotopique par spectrométrie de masse. Leurs résultats démontrent la faisabilité du procédé.

Schéma du cycle catalytique de la réaction d'échange isotopique du carbone développée par le SCBM et le NIMBE. © D. Audisio/CEA


Pour aller plus loin, les scientifiques ont comparé pour plusieurs molécules d’intérêt thérapeutiques les rendements de marquage au 14C par leur procédé et par les méthodes actuelles. Résultat : leur procédé permet d’obtenir des activités plus importantes. Surtout, il présente l’énorme avantage de réduire considérablement la quantité de déchets radioactifs qui sont polluants et onéreux à s’en débarrasser. D’autres études sont programmées, notamment pour tester l’intérêt d’autres métaux catalyseurs.

[1] L’enzyme g-résorcylate décarboxylase transforme l’acide g-résorcylique en résorcinol


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