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Les symptômes psychotiques sont associés à une mauvaise diffusion de l'information dans le cerveau


​Une étude collaborative de NeuroSpin, publiée dans Journal of Neuroscience, montre que l’altération de la connectivité longue distance dans la substance blanche limite l’accès conscient du cerveau à l’information, contribuant potentiellement aux délires et autres symptômes psychotiques. Ces résultats suggèrent que la psychose et la détérioration de l'accès conscient peuvent être des phénomènes intimement liés.

Publié le 8 décembre 2020

​Selon une théorie de la conscience (théorie de l'espace de travail neuronal global), vous ne devenez conscient de quelque chose que si l'activité cérébrale non consciente des zones sensorielles se propage à un plus grand réseau de neurones, dans tout votre cerveau, via une connectivité longue distance impliquant la substance blanche. 

Les personnes atteintes de schizophrénie et de troubles bipolaires présentent un déficit de l'accès conscient et une connectivité longue distance altérée. Cependant, la relation entre ces deux déficits reste floue. Le but de cette étude était de déterminer dans quelle mesure la connectivité structurelle est corrélée au seuil de perception consciente, en particulier chez les patients présentant des symptômes psychotiques.

Pour cela, les chercheurs ont inclus dans leur étude des adultes en bonne santé, des patients atteints de troubles bipolaires avec ou sans symptômes psychotiques et des patients atteints de schizophrénie, et utilisé deux méthodes : la tractographie par IRM de diffusion pour étudier la connectivité structurelle du cerveau et un paradigme visuel pour estimer le seuil de perception consciente visuelle qui correspond à la durée minimale de présentation d'un stimulus visuel pour que ce dernier accède à la conscience - plus il est court, meilleur est l'accès conscient.

Les résultats obtenus montrent que les patients ayant souffert de symptômes psychotiques (schizophrénie et trouble bipolaire avec caractéristiques psychotiques) possèdent un seuil de perception consciente plus élevé que celui des témoins et des patients atteints de troubles bipolaires sans caractéristiques psychotiques. Pour tous les participants, plus le seuil était bas et meilleure était la connectivité longue distance de la substance blanche. Ces résultats confirment donc la théorie de l'espace de travail neuronal global selon laquelle la connectivité structurelle à longue distance joue un rôle crucial dans l'accès conscient. De plus, les chercheurs montrent pour la première fois qu'une altération de la connectivité cérébrale est corrélée aux symptômes psychotiques à travers l'élévation du seuil de conscience, fournissant ainsi des corrélats anatomiques aux déficiences observées chez les patients souffrant de psychose et suggérant que l'émergence de symptômes psychotiques et la détérioration de l'accès conscient pourraient être des phénomènes intimement liés.
















Schéma représentant un modèle en trois temps d’apparition des symptômes psychotiques : les anomalies de la connectivité cérébrale anatomiques entraînent une élévation du seuil de conscience, qui elle-même favorise l’émergence de symptômes psychotiques. © Lucie Berkovitch/NeuroSpin

Contact chercheur Joliot :

Josselin Houenou (josselin.houenou@inserm.fr)


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