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L’imagerie TEP des dépôts tau et amyloïde améliore le diagnostic des amnésies progressives


​Des chercheurs de BioMaps (SHFJ) et du Service de Neurologie de la Mémoire et du Langage (GHU-Paris Psychiatrie&Neurosciences, Hôpital Ste-Anne) montrent, grâce à l'imagerie moléculaire amyloïde et tau chez des patients suivis pendant 2 ans, que le diagnostic d'une amnésie progressive du sujet âgé ne se résout pas forcément à celui de maladie d'Alzheimer (MA) et peut être causé par d'autres mécanismes se distinguant clairement de celle-ci. 

Publié le 4 novembre 2021

​La maladie d'Alzheimer (MA) est caractérisée par l'accumulation anormale dans le cerveau des protéines tau et amyloïde, cette dernière constituant les plaques amyloïdes. Dans sa forme typique, la maladie est révélée par des troubles de la mémoire. Cependant, ces troubles mnésiques ne sont pas toujours liés à la MA et certains malades peuvent être diagnostiqués à tort comme ayant une MA.

Afin d'améliorer la précision du diagnostic, les chercheurs ont étudié des patients qui consultaient pour un trouble mnésique évocateur de MA : le syndrome amnésique de type hippocampique (SATH). Trente-six patients présentant un SATH progressif et 30 témoins ont bénéficié i) d'une évaluation neuropsychologique complète par les neurologues du Service de Neurologie de la Mémoire et du Langage de l'hôpital Sainte-Anne, ii) une neuro-imagerie par IRM (ICM, Paris) pour mesurer l'atrophie cérébrale et iii) un bilan de neuro-imagerie TEP réalisé au SHFJ (Orsay) utilisant le [11C]-PiB (traceur des dépôts β-amyloïde) et le [18F]-Flortaucipir (traceur de la pathologie tau) pour quantifier l'importance de l'accumulation des protéines anormales, ainsi que leur répartition dans le cerveau. Les patients ont ensuite été suivis pendant 2 ans, avec une deuxième IRM 3 T et une TEP tau à la dernière visite.

Les résultats montrent que, bien que tous les patients SATH présentaient une atrophie marquée des régions temporales internes impliquées dans la mémoire, une partie d'entre eux (15/36) était dépourvue de dépôts amyloïdes et tau caractéristiques de la MA. Le suivi a permis de mettre en évidence des évolutions cliniques distinctes, avec une dégradation plus marquée des capacités cognitives au cours des 2 ans de suivi chez les patients MA, de même qu'une progression plus importante chez ces patients de l'atrophie des lobes temporaux et des dépôts de protéine tau mesurés en imagerie TEP. Chez certains patients amnésiques non Alzheimer, l'utilisation de l'imagerie tau en TEP a permis d'identifier une possible tauopathie non Alzheimer limitée aux régions mnésiques, qui, jusqu'alors, n'avait été décrite que dans des études comportant un examen post-mortem du cerveau.

Images TEP-amyloïde (en haut, coupes axiales) et TEP-tau (en bas, coupes coronales) obtenues chez un patient amnésique non Alzheimer (à gauche) et chez un patient amnésique Alzheimer (à droite) M.Bottlaender, J.Lagarde, M.Sarazin © CEA/GHU Paris

Cette étude révèle l'importance d'une bonne caractérisation des patients qui consultent pour un trouble de la mémoire, incluant l'étude des processus physiopathologiques, pour affiner le diagnostic de la maladie sous-jacente et mieux anticiper l'évolution potentielle des troubles cognitifs. L'imagerie TEP amyloïde et tau démontre ici tout son apport dans cette démarche. À l'aube de nouveaux traitements à visée curative de la MA, cette étape est désormais indispensable.

Contacts chercheurs : Michel Bottlaender (michel.bottlaender@universite-paris-saclay.fr) ; Julien Lagarde (j.lagarde@ghu-paris.fr) ; Marie Sarazin (m.sarazin@ghu-paris.fr)

Note : Conformément à la récente définition biologique de la maladie d'Alzheimer, sa signature en TEP a été définie comme la combinaison de i) une charge amyloïde corticale positive, et ii) une rétention accrue du traceur tau dans les cortex entorhinaux et au moins une des régions suivantes : amygdale, gyrus parahippocampiques, gyrus fusiformes. Les patients qui ne remplissaient pas ces critères ont été considérés comme ayant une pathologie non MA. 


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