Le stockage temporaire d'informations en mémoire de travail est au cœur des modèles théoriques de la conscience et occupe une place fondamentale dans tous les sous-domaines de la psychologie et des neurosciences, y compris la synchronisation et la mémoire. Le codage et le maintien temporaire en mémoire de travail de durées sont essentiels à la prédiction et à la planification de l'avenir, or, les processus de maintien en mémoire des informations temporelles sont actuellement inconnus.
Dans cette étude, les chercheurs se sont intéressés au traitement des durées par la mémoire de travail, un système de stockage à court terme dont la capacité est limitée. Les participants devaient mémoriser la durée de plusieurs intervalles de temps successifs, présentés sous forme de séquences non isochrones délimitées par des sons brefs. Après un certain délai, ils devaient reproduire la durée de chaque intervalle avec la plus grande précision possible. La question était de savoir si la séquence temporelle serait discrétisée de sorte que chaque intervalle de temps soit représenté distinctement en mémoire (tel un bit d'information), ou si la séquence entière serait maintenue en mémoire. En ce sens, l'ajout de nouveaux éléments au stockage temporaire réduirait le nombre de bits qui pouvaient être utilisés pour spécifier chaque élément, et donc la précision avec laquelle il pouvait être récupéré. Les résultats de trois expériences comportementales (N=58) ont démontré que plus le nombre d'intervalles de temps à mémoriser était élevé, moins les participants étaient précis dans la restitution des durées. Cette diminution de la précision semblait directement liée à la charge de travail imposée à leur mémoire. En revanche, la durée de la séquence elle-même n'affectait pas la précision.
Ces résultats, montrant que plus le nombre d'intervalles de temps à mémoriser est élevé moins les participants sont précis dans la restitution des durées, suggèrent un lien direct avec la charge de travail imposée à leur mémoire. En revanche, la durée des intervalles ne semble pas affecter la précision, conduisant les auteurs à proposer que la durée est mémorisée telle une information abstraite que notre cerveau traite comme une information distincte au sein de notre mémoire de travail, de manière comparable au traitement d'autres objets en mémoire, comme une image ou un son.
Contacts : Sophie Herbst (sophie.herbst@cea.fr) ; Virginie van Wassenhove (virginie.van-wassenhove@cea.fr)
La mémoire à court terme ou mémoire de travail, appelée aussi « mémoire tampon », est celle que nous utilisons en permanence pour retenir et stocker temporairement (quelques secondes) l'information (garder un numéro de téléphone en tête le temps de le noter…).