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Laboratoire | Allergies | Système immunitaire


UIAA

Facteurs environnementaux influençant le potentiel sensibilisant d’un allergène

Publié le 30 octobre 2017
Les deux principaux résultats portent sur le rôle de la voie d’exposition et sur l'environnement microbien et la colonisation par le microbiote intestinal.

Responsable
Karine Adel-Patient
karine.patient@cea.fr 

Rôle de la voie d’exposition : tolérance orale versus sensibilisation par voie cutanée ou respiratoire.

La sensibilisation expérimentale par voie orale avec des aliments entiers ou des allergènes purifiés requiert l’utilisation d’adjuvant muqueux Th2. En effet, des administrations similaires en absence d’adjuvant provoquent l’induction d’une tolérance orale très efficace, prévenant toute sensibilisation ultérieure. L’étude des mécanismes sous-jacents révèle l’induction de cellules T régulatrices dans les tissus lymphoïdes associés à l’intestin. La structure de l’allergène administré impacte également l’efficacité de la tolérance observée. A l’inverse, nous avons mis en évidence que des expositions par voie cutanée ou respiratoire à des allergènes purifiés ou à des aliments complexes peuvent induire une sensibilisation allergique et permettre des sensibilisations ultérieures par voie orale même en l’absence d’adjuvant. Ces différents travaux sont en accord avec des études épidémiologiques suggérant que la sensibilisation à l’arachide des jeunes enfants pourrait survenir par voie cutanée, notamment sur des peaux enflammées et altérées telles qu’observées chez des enfants souffrant de dermatite atopique, et en absence d’ingestion orale préalable ou parallèle. Ils démontrent le rôle d’expositions environnementales à des allergènes alimentaires dans la recrudescence des allergies alimentaires.

 
CEA © Karine Adel-Patient
 

Environnement microbien et colonisation par le microbiote intestinal : effet sur la sensibilisation allergique.

Au niveau de la lumière intestinale, les protéines alimentaires vont être dans un environnement largement bactérien du fait de la présence du microbiote intestinal, à l’interface hôte-aliment. Des réponses Th2 mais également Th1 excessives sont observées chez les souris axéniques vs conventionnelles, suggérant des défauts de régulations des réponses immunitaires en absence de microbiote. Une colonisation réalisée chez des souris axéniques de 6 semaines ne permet pas de restaurer complètement la réactivité du système immunitaire telle qu’observée chez des souris conventionnelles, c’est-à-dire colonisées à la naissance. Une colonisation au moment du sevrage, à 3 semaines, est également inefficace, voire conduit à des réponses pro-inflammatoires excessives. Ces résultats doivent être rapprochés des observations récentes démontrant que la colonisation précoce de l’intestin est fortement altérée dans les pays occidentaux. De plus, un retard de colonisation a été rapporté chez les enfants des pays industrialisés, et une diversité réduite dans la composition du microbiote précoce a été observée chez les enfants devenant allergiques par rapport à des enfants ne le devenant pas. L’ensemble de ces résultats suggère que la colonisation précoce et séquentielle par les bactéries commensales est essentielle à la maturation correcte du système immunitaire associé à l’intestin et à l’établissement de l’homéostasie intestinale, limitant le développement de pathologies telle que l’allergie alimentaire.

 
Figure : Développement d’un modèle de sensibilisation de souris gnotoxénique (à microbiote intestinal contrôlé)